Santé : les effets néfastes de la pollution sur le cerveau

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Publié le 2 février 2023

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Les effets néfastes de la pollution de l’air sur la santé sont connus et reconnus. Une nouvelle étude publiée dans la revue scientifique Environmental Health démontre pour la première fois comment une exposition aiguë à la pollution due au trafic routier peut immédiatement altérer la fonction cérébrale humaine, offrant ainsi une preuve unique du lien entre la qualité de l’air et la cognition.

De nombreuses études cellulaires et animales peuvent démontrer comment la pollution atmosphérique affecte les organismes. Mais les études sur l’exposition directe chez les humains étaient la dernière pièce manquante du puzzle pour les chercheurs. 

Cette nouvelle recherche a utilisé un modèle d’exposition humaine aux gaz d’échappement des moteurs diesel mis au point il y a plus de dix ans. Cette technique permet d’administrer à des sujets des concentrations contrôlées et diluées de particules de gaz d’échappement de moteurs diesel à des niveaux jugés représentatifs de l’exposition dans le monde réel, mais dont l’innocuité a été prouvée. En laboratoire, 25 adultes en bonne santé ont été exposés à des gaz d’échappement de moteurs diesel ou à de l’air filtré pendant deux heures et leur activité cérébrale a été mesurée par Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) avant et après chaque exposition.

L’étude portait principalement sur l’impact de ce type de pollution atmosphérique liée au trafic sur ce que l’on appelle le réseau du mode par défaut (MPD). Il s’agit d’un ensemble de régions corticales du cerveau interconnectées qui jouent un rôle crucial dans la cognition, la mémoire et les émotions.

Les résultats ont révélé qu’une brève exposition aux gaz d’échappement des moteurs diesel entraînait une diminution de l’activité du MPD, ce qui se traduit essentiellement par une baisse de la connectivité fonctionnelle entre les différentes régions du cerveau, par rapport à ce qui était observé lorsque les sujets étaient exposés à de l’air filtré.

Seuls, ces nouveaux résultats ne sont pas particulièrement significatifs. Aucune évaluation n’a été effectuée dans l’étude pour suggérer que les changements observés dans le MPD ont eu un impact sur la cognition. Mais à côté d’un nombre croissant d’études épidémiologiques et précliniques reliant la pollution atmosphérique à un certain nombre de maladies neurodégénératives, ces résultats peuvent être beaucoup plus significatifs. Ils démontrent effectivement et de manière inédite les effets aigus de la pollution atmosphérique sur le cerveau humain.

Selon l’auteur principal de l’étude, Chris Carlsten, on ne sait pas quels effets sur le long terme ce type d’exposition à la pollution aura sur le cerveau humain. Du côté positif, les chercheurs ont constaté que l’activité cérébrale du MPD revenait à la normale relativement vite après l’exposition aux fumées de diesel. Carlsten ne peut donc qu’émettre des hypothèses sur l’impact d’une exposition plus chronique et continue.

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